Pure conscience
La pure conscience est toujours présente, immuable et imperturbable. Elle ne dépend d’aucune cause ou condition – ni d’aucun effort. Elle n’a pas de caractéristiques : on ne peut pas la décrire ; ni l’observer, puisque c’est d’une certaine manière elle qui observe. Tous les états – joyeux ou tristes, agréables ou désagréables, qui vont et qui viennent – ne sont pas la pure conscience, mais des états qui se manifestent en elle : on peut les observer, les décrire, les aimer ou non. Les états agréables ne révèlent pas, n’illuminent pas, la pure conscience ; les états désagréables ne la voilent pas, ne l’obscurcissent pas. Comme le miroir n’est pas affecté par les objets qu’il reflète.
On a tendance à faire de la pure conscience un objet d’observation, alors qu’elle est l’ultime sujet, la source de toute manifestation et le théâtre de nos perceptions. On ne peut pas trouver la pure conscience, c’est pourquoi il est futile de la chercher : elle est, fondamentalement, et indépendamment de toutes choses. Indépendamment : car elle contient toutes choses ; aucune ne lui est extérieure, dont elle pourrait dépendre, être l’effet ou le produit. Fondamentalement : parce qu’elle existe avant toutes choses, qui sont ses expressions, ses manifestations. Tant qu’on jouit d’expériences extatiques ou qu’on souffre de situations douloureuses, on est dans l’imaginaire, on s’identifie à des expressions de la conscience, agréables ou désagréables, qu’on peut observer. La pure conscience, c’est l’observateur, qui regarde le film de l’existence, sans jugements ni commentaires. Sans rechercher l’agréable ni éviter le désagréable, car il n’y a plus de préférences, mais une parfaite équanimité devant les images changeantes – et illusoires – du monde phénoménal. Elles sont comme les vagues à la surface de l’insondable océan !
24 décembre 2013, Chiang Mai