REGARDER LA VIE

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Impermanence

513 Impermanence

513 Impermanence

Au Japon, ce n’est pas du tout la même atmosphère qu’en Thaïlande, où les laïques participent à la vie des monastères. L’autre grande différence est que les temples japonais sont bien entretenus, propres, bien rangés, sans une mauvaise herbe ni une feuille morte sur les allées ; et il n’y a bien sûr pas de planche pourrie, ni de tuile qui manque aux toits des bâtiments. En Thaïlande, au contraire, tout est plutôt chaotique et délabré : les bâtiments sont en décrépitude quand ce n’est pas en ruine, et la nature se développe sans contrainte humaine. On ressent partout l’impermanence, alors qu’ici l’ordre et la perfection semblent vouloir échapper au temps et empêcher de la percevoir. Deux façons bien différentes de voir la réalité ou de la montrer. 

Je lisais ce matin dans un livre d’Ayya Khema* que la vision de l’impermanence en toute chose est la première condition pour progresser sur la voie et comprendre la réalité. Nous ne devrions jamais cesser de la voir dans tout ce que nous percevons avec nos sens. Mais, dans les pays « civilisés », on fait tout ce qu’on peut pour nous la cacher ; alors qu’elle est présente partout dans les pays moins développés, comme la Thaïlande ou l’Inde. Elle me semble aussi plus apparente dans les pays chauds : la nature change beaucoup plus vite et on vit dehors, en contact permanent avec elle. 

Au Japon, la meilleure façon de contempler l’impermanence est de contempler son porte-monnaie.


* Khema (Ayya) (1926-1997) : née à Berlin, Ayya Khema fut ordonnée nonne en 1979 au Sri Lanka. Elle enseignait le bouddhisme theravada et la pratique des jhanas, les absorptions méditatives. Elle fonda en 1978 le Wat Buddha Dhamma, un monastère de la forêt situé en Australie, où j’ai fait ma première retraite avec elle en février 1990 (voir mon livre Le parfum de l’éveil). Elle fut ensuite mon principal maître spirituel jusqu’à sa mort. 

 

28 septembre 1989, Tokyo

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