Fiction et réalité
Lu Cent ans de solitude, de G. G. Marquez, d’un seul trait, en deux jours, dans ma solitude grippée au retour de Katmandou. Curieux qu’on puisse se plonger dans la fiction comme dans une autre forme de réalité (une sorte de rêve), et sembler la vivre vraiment. Sans être un spectateur voyeur – sans ressentir non plus la présence d’un moi qui ne fait pas partir de l’histoire – ni s’identifier aux personnages, mais plutôt comme une sorte de présence impersonnelle qui est consciente des images vides – mais dans ce cas particulièrement colorées et prolifiques – du roman. J’avais déjà eu cette étrange impression en lisant le livre de Bill Page, après des années sans lire de fiction.
Quand je lis les articles et les dossiers du Magazine littéraire ou d’Artpress, je ressens plutôt une forme d’identification à un personnage d’artiste ou d’écrivain célèbre que j’aurais aimé être. Il m’arrive alors de vouloir devenir ce personnage, ici, dans cette réalité, et cette expérience s’accompagne souvent d’une grande vague d’inspiration et d’une pressante envie de créer.
En lisant un roman, il y a simplement la présence d’images, d’émotions, d’idées qui défilent dans l’esprit, comme un film ; pas très différent du film qu’on considère comme sa vie, son environnement, ses émotions, ses idées…
6 mars 1996, Hua Hin